Que ce soit dans le cadre d’un projet de construction, de l’aménagement d’un nouveau lotissement ou simplement de la modernisation du réseau, l’implantation d’un poteau électrique près de votre propriété soulève de nombreuses questions. Enedis (anciennement ERDF) ou une régie locale peut-elle installer un poteau où elle le souhaite ? Y a-t-il des distances minimales à respecter par rapport à votre terrain, votre maison ou vos fenêtres ? Quels sont vos droits ?
La pose de poteaux électriques est une opération très encadrée par la loi. Elle relève d’un régime juridique spécifique appelé « servitude d’utilité publique ». Ce guide complet a pour but de vous éclairer sur la réglementation en vigueur, les droits et les devoirs du distributeur d’électricité, et les recours dont vous disposez si vous estimez que l’implantation d’un poteau vous cause un préjudice.
Les infos à retenir
- ⚖️ Le cadre légal : une servitude d’utilité publique. L’installation des lignes électriques est d’intérêt général. Enedis a le droit d’implanter des poteaux sur des terrains privés, même sans l’accord du propriétaire, en vertu d’une servitude légale.
- 📏 Pas de distance minimale légale fixe par rapport à la limite de propriété. Contrairement à une construction classique, il n’y a pas de règle de distance légale (comme 3 ou 5 mètres) pour un poteau électrique par rapport à la limite de votre terrain.
- 🏠 Des normes techniques et de sécurité strictes : L’implantation est cependant régie par des normes techniques très précises qui garantissent la sécurité (hauteur des câbles, distances par rapport aux ouvertures comme les fenêtres et les balcons).
- 🤝 La recherche de l’accord amiable : En pratique, Enedis cherche toujours à obtenir une convention amiable avec le propriétaire avant d’implanter un poteau. La procédure d’expropriation est un dernier recours.
La servitude d’utilité publique : un droit pour l’opérateur
Pour pouvoir distribuer l’électricité partout sur le territoire, la loi a accordé aux distributeurs comme Enedis des droits spécifiques. La plus importante est la servitude d’ancrage, de surplomb et de passage. Concrètement, Enedis a le droit de :
- Ancrer des poteaux et des supports sur votre propriété (murs, façades ou terrains non bâtis).
- Surplomber votre propriété avec des câbles électriques aériens.
- Passer sur votre terrain pour l’entretien et la maintenance des installations.
Cette servitude s’impose à tous, en contrepartie d’une éventuelle indemnisation si elle cause un préjudice direct et matériel.

Les règles de distance et de sécurité
Si la loi n’impose pas de distance minimale par rapport à la limite de votre terrain, l’implantation des poteaux et des lignes est soumise à des normes techniques très strictes pour des raisons de sécurité.
La distance par rapport aux habitations 🏡
La réglementation (notamment l’arrêté technique interministériel) impose des distances de sécurité entre les câbles électriques et les différentes parties d’un bâtiment (toits, murs, fenêtres, balcons…). Ces distances varient en fonction de la tension de la ligne (basse ou moyenne tension). L’objectif est d’empêcher tout contact accidentel d’une personne avec la ligne électrique.
L’étude d’implantation
Avant toute nouvelle implantation, les techniciens d’Enedis réalisent une étude pour déterminer l’emplacement qui présente le moins de contraintes techniques et qui cause le moins de « dommage » possible à la propriété. Ils essaient toujours d’implanter les poteaux en limite de parcelle pour minimiser la gêne.
Focus : Le cas des lignes à Très Haute Tension (THT)
Le cas des très grandes lignes THT (les grands pylônes métalliques) est différent. Elles obéissent à des procédures de Déclaration d’Utilité Publique (DUP) beaucoup plus lourdes, avec des enquêtes publiques. La question du champ électromagnétique est également prise en compte, même si aucune réglementation sanitaire stricte n’impose de distance minimale en France, un principe de précaution est souvent appliqué.
Vos recours et vos moyens d’action
Si vous êtes concerné par un projet d’implantation ou si un poteau existant vous gêne, vous avez des possibilités de dialogue.
Pour une nouvelle implantation
Enedis doit vous informer du projet. Une « convention de servitude » vous sera proposée. C’est le moment de discuter. Si vous estimez que l’emplacement proposé est particulièrement gênant (devant une fenêtre, au milieu de votre futur potager…), vous pouvez proposer un emplacement alternatif. Si votre proposition est techniquement réalisable et n’engendre pas de surcoût important, elle est souvent acceptée.
Pour le déplacement d’un poteau existant
Le déplacement d’un poteau existant qui vous gêne est possible, mais il sera à vos frais. Vous devez en faire la demande à Enedis, qui réalisera une étude et vous fournira un devis pour les travaux. Le coût peut être très élevé (plusieurs milliers d’euros).
Connaître la loi pour faire valoir ses droits
En conclusion, la réglementation sur l’implantation des poteaux électriques est largement en faveur de l’opérateur du réseau, au nom de l’intérêt général. Il n’existe pas de distance minimale légale par rapport à votre limite de propriété qui vous permettrait de refuser systématiquement un poteau.
Cependant, vous n’êtes pas sans droits. Votre principal pouvoir réside dans la phase de négociation amiable avec Enedis lors d’un nouveau projet. En dialoguant et en proposant des solutions alternatives constructives, il est souvent possible de trouver un compromis acceptable pour tous. Pour un poteau existant, la discussion reste possible, mais il faudra vous préparer à financer vous-même son déplacement.
Foire Aux Questions (FAQ)
Un poteau électrique peut-il dévaloriser ma propriété ?
Oui, un poteau implanté à un endroit très gênant (par exemple, au milieu du jardin) peut être un facteur de dépréciation lors de la revente. C’est un argument à faire valoir lors de la négociation de l’indemnité pour l’établissement de la servitude.
Ai-je le droit de refuser l’accès aux techniciens pour l’entretien ?
Non. La servitude d’utilité publique inclut un droit de passage pour les agents de l’opérateur afin d’assurer l’entretien et la maintenance des lignes. Vous ne pouvez pas leur refuser l’accès à votre terrain pour qu’ils puissent accéder au poteau.
Comment savoir si la ligne électrique est en basse ou moyenne tension ?
Visuellement, une ligne basse tension (230V/400V) qui alimente les maisons est souvent composée de plusieurs câbles torsadés. Une ligne moyenne tension (HTA, généralement 20 000V) qui dessert un quartier ou un village a des câbles nus séparés les uns des autres par des isolateurs en verre ou en céramique.