Dans le monde du bâtiment, et particulièrement de la pose de carrelage, le terme « chape couscous » revient parfois. Cette appellation imagée désigne une technique ancienne de chape maigre, tirée à sec. Mais est-elle encore d’actualité ? A-t-on le droit de l’utiliser ?
La réponse est claire et sans appel pour les professionnels : oui, la technique de la « chape couscous » est aujourd’hui considérée comme non conforme aux normes et est interdite par les DTU (Documents Techniques Unifiés) qui régissent les règles de l’art de la construction. Ce guide vous explique ce qu’est cette technique et pourquoi elle a été abandonnée au profit de méthodes bien plus fiables.
Les infos à retenir
- ❌ Oui, c’est une technique interdite et non conforme : La « chape couscous » ou « chape tirée à sec » n’est pas une méthode reconnue par les normes de construction actuelles (DTU). Elle est considérée comme une malfaçon.
- 🥣 Qu’est-ce que c’est ? C’est une chape maigre (un mortier faiblement dosé en ciment) préparée avec très peu d’eau, lui donnant une consistance de « semoule de couscous ». Elle est étalée à sec puis le carrelage est posé directement dessus en l’humidifiant.
- ⚠️ Le risque principal : l’absence de solidité. Faute d’un gâchage correct, le ciment ne fait pas sa prise correctement. La chape reste friable, pulvérulente et n’offre aucune résistance mécanique.
- ✅ La bonne pratique : la chape traditionnelle ou la pose collée. Les méthodes conformes sont la pose scellée sur une chape traditionnelle correctement gâchée, ou la pose collée sur une chape sèche et stable.
Qu’est-ce que la « chape couscous » ?
C’est une variante de la pose scellée traditionnelle, mais qui fait l’impasse sur l’étape la plus importante : l’eau. Au lieu de gâcher un mortier homogène et plastique, on mélange simplement le sable et le ciment avec un minimum d’humidité. On obtient une poudre granuleuse, la fameuse « semoule ». Cette poudre est ensuite étalée et tirée à la règle pour créer une base de niveau. Le carreleur vient ensuite poser ses carreaux en les saupoudrant de ciment pur et en les humidifiant juste avant la pose. L’idée est que l’humidité va faire prendre le ciment a posteriori.

Pourquoi cette technique est-elle une malfaçon ?
Cette méthode est une hérésie sur le plan de la chimie du ciment.
Une résistance mécanique nulle 📉
Le ciment, pour durcir et atteindre ses propriétés de résistance, a besoin d’une quantité d’eau précise pour s’hydrater (c’est la « prise »). Dans une chape couscous, il n’y a pas assez d’eau et elle est mal répartie. La prise du ciment est donc incomplète et hétérogène. La chape ne durcit jamais vraiment. Elle reste pulvérulente, friable, sans aucune cohésion. Elle ne résiste ni à la compression, ni à la flexion.
Une adhérence du carrelage inexistante 👎
Le carrelage, posé sur cette base instable, n’a aucune adhérence solide. Les carreaux vont se décoller, sonner creux, et se fissurer à la première charge un peu lourde. C’est la garantie d’un sinistre à court terme.
L’avis de l’expert en bâtiment
« La chape couscous, c’est le cauchemar de l’expert. C’est une technique qui était parfois utilisée par des ‘bricoleurs’ pour aller vite et ne pas avoir à gérer le temps de séchage d’une vraie chape. Quand on arrive sur un sinistre de carrelage qui se soulève de partout, c’est la première chose qu’on vérifie. On retire un carreau, et en dessous, on trouve du sable, pas un mortier. C’est une non-conformité totale aux DTU. L’assurance ne couvre jamais, et la seule solution est de tout casser et de tout refaire. »
Une pratique à bannir définitivement
En conclusion, le terme « interdit » est tout à fait justifié pour la chape couscous. C’est une technique qui va à l’encontre de toutes les règles de l’art de la maçonnerie et du carrelage. Elle ne présente que des inconvénients et garantit une sinistralité à 100%.
Si vous faites appel à un artisan et que vous le voyez préparer un mortier à sec, c’est un signal d’alarme qui doit vous faire arrêter le chantier immédiatement. Les seules méthodes valables sont la pose scellée traditionnelle sur une chape correctement dosée et gâchée, ou la pose collée avec un mortier-colle adapté sur un support sec, sain et stable. La qualité et la durabilité de votre sol en dépendent.
Foire Aux Questions (FAQ)
Quelle est la différence avec une chape maigre ?
Une chape maigre (ou « chape de carreleur ») est un mortier faiblement dosé en ciment, mais elle est gâchée avec la bonne quantité d’eau pour obtenir une consistance plastique et homogène. C’est un support tout à fait conforme. La « chape couscous » est une chape maigre qui a été mal préparée, sans assez d’eau.
Et la pose sur lit de sable, est-ce la même chose ?
Non. La pose de dalles ou de pavés sur un lit de sable est une technique tout à fait reconnue et conforme, mais elle est réservée à l’extérieur. Elle ne cherche pas à créer un liant rigide, mais une base drainante et souple. Ce n’est pas une « chape ».
Comment savoir si ma chape a été bien faite ?
Une chape de mortier bien faite est dure, compacte et ne s’effrite pas. Si vous pouvez gratter votre chape avec un simple tournevis et qu’elle part en poussière, c’est qu’elle est « grasse » (mal dosée) ou qu’il s’agit d’une chape couscous. Elle ne doit pas sonner creux lorsque vous tapez dessus.