Souche d'un ailante (Ailanthus altissima) fraîchement coupée, montrant la sève et le bois.

Éradiquer l’ailante : le gros sel est-il une solution efficace ?

L’ailante, ou « Faux-vernis du Japon », est une des plantes invasives les plus redoutables. Capable de pousser n’importe où et de se propager à une vitesse folle par ses racines traçantes, son éradication est un véritable cauchemar. Face à sa ténacité, de nombreuses « recettes de grand-mère » circulent, dont la plus connue est l’utilisation de gros sel. Mais cette méthode est-elle vraiment efficace ?

La réponse est malheureusement non. Tenter de tuer un ailante avec du gros sel est non seulement inefficace sur le long terme, mais c’est aussi une pratique désastreuse pour votre sol. Comprendre la biologie de cette plante est la clé pour choisir une méthode de lutte qui aura, elle, une chance de réussir.

Les infos à retenir

  • Une fausse bonne idée : Le gros sel est inefficace pour tuer le système racinaire tentaculaire de l’ailante. Il ne brûlera que superficiellement la souche.
  • 🌱 Un désastre écologique : Le sel est un biocide puissant qui stérilise le sol pour des années. Il va tuer toute la végétation environnante (pelouse, fleurs) et polluer la terre. Son usage comme désherbant est à proscrire.
  • 💪 La seule méthode efficace : l’épuisement. La seule stratégie qui fonctionne est d’épuiser la plante en coupant systématiquement et sans relâche toutes les nouvelles pousses (les « drageons ») dès leur apparition.
  • 🧪 La solution chimique (en dernier recours) : Pour les cas désespérés, l’application d’un débroussaillant systémique (à base de glyphosate, réservé aux professionnels, ou de triclopyr) sur la souche fraîchement coupée est la méthode la plus radicale.

Pourquoi le gros sel est-il à la fois inefficace et dangereux pour le jardin ?

Le gros sel agit comme un désherbant par contact et par modification du sol. Il va « brûler » les tissus végétaux avec lesquels il est en contact et, en se dissolvant dans la terre, il va la rendre si saline que plus rien ne pourra y pousser. C’est précisément là que se trouvent les deux problèmes. En l’appliquant sur la souche de l’ailante, vous n’atteindrez jamais son immense réseau de racines traçantes, qui peut s’étendre sur des dizaines de mètres. La souche principale va peut-être souffrir en surface, mais les racines, elles, produiront de nouvelles pousses un peu plus loin. Pendant ce temps, la pluie va dissoudre le sel et le répandre dans le sol tout autour, créant une zone de terre morte et stérile pour des années, bien plus large que la souche elle-même.

Quelle est la méthode manuelle et écologique qui a fait ses preuves ?

La seule stratégie non-chimique qui fonctionne contre l’ailante est la méthode de l’épuisement. Elle est longue, fastidieuse, mais elle est efficace et respectueuse des sols. Le principe est de priver la plante de sa capacité à faire de la photosynthèse, pour finir par épuiser les réserves d’énergie contenues dans ses racines.
La procédure : Coupez le tronc principal au ras du sol. Ensuite, et c’est le plus important, soyez d’une vigilance absolue pendant les deux à trois années qui suivent. Dès qu’une nouvelle pousse (un drageon) sort de terre, coupez-la immédiatement. Ne la laissez jamais développer plus de quelques feuilles. En lui coupant systématiquement ses « panneaux solaires », vous allez forcer la racine à puiser dans ses réserves, encore et encore, jusqu’à l’épuisement total. C’est une guerre d’usure que vous finirez par gagner.


En dernier recours, comment utiliser un produit chimique efficacement ?

Si l’invasion est trop importante ou si vous n’avez pas la patience pour la méthode manuelle, le recours à un débroussaillant systémique peut être envisagé. L’objectif n’est pas de pulvériser le produit, mais de l’appliquer directement sur la souche pour qu’il soit transporté jusqu’aux racines.
La méthode : À la fin de l’été, lorsque la sève de l’arbre descend vers les racines, coupez le tronc de l’ailante. Immédiatement après la coupe, pendant que la souche est encore « fraîche » et bien irriguée par la sève, appliquez le produit pur au pinceau sur toute la surface de la coupe, en insistant bien sur le pourtour (le cambium). Le produit sera ainsi absorbé et entraîné en profondeur dans tout le système racinaire, le détruisant de l’intérieur. C’est la méthode la plus efficace pour un traitement chimique.

L’avis du gestionnaire d’espaces naturels

« L’ailante, c’est notre cauchemar dans la lutte contre les espèces invasives. On a tout essayé. Le sel, c’est une catastrophe écologique, on ne l’utilise jamais. L’arrachage mécanique sur de grandes surfaces est illusoire. La méthode la plus efficace que nous ayons trouvée est la coupe et l’application de produit sur souche en fin d’été. Pour un particulier, la méthode de l’épuisement par coupes répétées est la plus saine. C’est long, mais ça marche si on est plus têtu que la plante. »


Une guerre d’usure qui demande de la méthode

Lutter contre un ailante est un marathon, pas un sprint. Les solutions miracles comme le gros sel sont des illusions dangereuses pour votre jardin. Seule une stratégie de long terme, qu’elle soit mécanique (l’épuisement) ou chimique (traitement de souche), peut venir à bout de cette plante extraordinairement résiliente. La persévérance est votre meilleure arme.


Foire Aux Questions (FAQ)

🤔 Puis-je essayer d’arracher la souche ?

C’est très difficile. Le système racinaire de l’ailante est très étendu et cassant. En essayant d’arracher la souche principale, vous allez inévitablement laisser des fragments de racines en terre, et chaque fragment est capable de produire de nouvelles pousses. L’arrachage n’est envisageable que sur un sujet très jeune.

🌿 Planter une bâche sur la souche est-il efficace ?

Oui, c’est un bon complément à la méthode de l’épuisement. Après avoir coupé la souche, vous pouvez la recouvrir d’une bâche épaisse et opaque. En la privant de lumière, vous affaiblirez encore plus la plante et ralentirez l’apparition des nouvelles pousses. Mais il faudra quand même surveiller et couper les drageons qui apparaîtront en périphérie.

🌳 L’ailante est-il dangereux pour les fondations ou les canalisations ?

Oui. Ses racines traçantes sont puissantes et opportunistes. Elles peuvent s’infiltrer dans la moindre fissure d’un mur ou d’une canalisation et, en grossissant, causer des dégâts importants. C’est une des raisons pour lesquelles son éradication à proximité d’une maison est une priorité.

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