Vieux figuier majestueux dans un jardin, illustrant la superstition selon laquelle couper un figuier porte malheur.

Couper un figuier : est-ce que ça porte vraiment malheur ?

C’est une superstition tenace, ancrée dans la mémoire de nos campagnes et tout le bassin méditerranéen. Si vous avez un figuier dans votre jardin et que vous envisagez de le couper, vous avez sans doute déjà entendu cet avertissement : « Ne fais pas ça, couper un figuier porte malheur ! ». Mais d’où vient cette croyance ? A-t-elle un fondement ? Et que risquez-vous vraiment, à part quelques courbatures ?

Cette vieille légende, loin d’être une simple lubie, puise ses racines dans des traditions religieuses, des symboles mythologiques et des observations très concrètes. Cet article vous propose de remonter le temps pour explorer l’origine de ce mythe et de faire la part des choses entre la superstition et la réalité du jardinage.

Les infos à retenir

  • 🌳 Une superstition très ancienne : La croyance selon laquelle couper un figuier porte malheur est une légende très répandue dans tout le bassin méditerranéen, de la Provence à l’Italie et la Grèce.
  • 📖 Des racines religieuses et mythologiques : Le figuier est un arbre sacré ou symbolique dans de nombreuses cultures : c’est l’arbre sous lequel Bouddha atteint l’éveil, l’arbre qui cache Adam et Ève dans la Bible, et l’arbre qui nourrit Romulus et Rémus. S’attaquer à lui, c’était s’attaquer à un symbole divin.
  • 🩸 La sève laiteuse : Le latex blanc et irritant qui s’écoule du figuier lorsqu’on le coupe a souvent été comparé à du lait ou du sang, renforçant l’idée que l’on « blessait » un être vivant et sacré.
  • La réalité du jardinier : D’un point de vue purement horticole, il n’y a bien sûr aucune malédiction. Tailler ou même couper un figuier devenu trop envahissant ou malade est parfois une nécessité pour la santé du jardin.

Les origines de la superstition : un arbre sacré

Pour comprendre pourquoi on ne « touche pas » à un figuier, il faut réaliser la place centrale qu’il occupait dans les civilisations anciennes.

Un symbole de vie et de fertilité 🏺

Dans l’Antiquité, le figuier était un symbole absolu de vie, de fertilité et d’abondance. Ses fruits sucrés et nourrissants, qui poussent en abondance même sur des terres pauvres, étaient une ressource vitale. Dans la mythologie romaine, c’est à l’ombre d’un figuier que la louve aurait allaité Romulus et Rémus, les fondateurs de Rome. Abattre un figuier, c’était donc attenter à la prospérité du foyer et s’attirer la colère des dieux.

Un arbre biblique et spirituel 📖

Le figuier est l’un des arbres les plus cités dans la Bible. C’est avec des feuilles de figuier qu’Adam et Ève cachent leur nudité après avoir croqué le fruit défendu. Il est souvent le symbole de la paix et de la prospérité d’Israël. Dans le bouddhisme, c’est sous un figuier (un Ficus religiosa) que le prince Siddhartha Gautama a atteint l’illumination et est devenu le Bouddha. Cette charge spirituelle très forte a contribué à en faire un arbre « intouchable ».

La « blessure » de l’arbre et son latex 💧

Lorsqu’on coupe une branche de figuier, un latex blanc et épais s’en écoule, comme du lait ou du sang. Cette « blessure » visible et la nature caustique de cette sève (elle peut être irritante pour la peau) ont renforcé l’idée que l’on faisait souffrir un être quasi-sacré, qui « pleurait » ou « saignait » lorsqu’on l’attaquait.



La réalité du jardinage : tailler pour fructifier

Laissons les mythes de côté. En horticulture, la situation est bien différente. Un figuier est un arbre vigoureux qui peut devenir très envahissant. Une taille, même sévère, est souvent bénéfique.

Les jardiniers taillent les figuiers pour limiter leur développement, aérer leur centre pour laisser passer la lumière (gage d’une bonne fructification), ou supprimer les branches mortes ou malades. Couper un figuier malade peut même sauver les arbres voisins d’une contagion. Il n’y a donc aucune contre-indication agronomique à tailler ou, si nécessaire, à abattre un figuier.

Le conseil pour les superstitieux

Si cette croyance est bien ancrée en vous ou dans votre famille et que vous devez tout de même couper votre figuier, il existe des « rituels » pour apaiser les consciences. Une tradition consiste à s’excuser auprès de l’arbre avant de le couper. Une autre, plus constructive, est de planter un ou plusieurs autres arbres fruitiers dans votre jardin au même moment, comme pour « compenser » la perte et montrer que vous respectez le cycle de la vie.


Entre mythe et jardinage, le respect de l’arbre

En conclusion, la croyance selon laquelle couper un figuier porte malheur est une superstition fascinante, profondément enracinée dans notre héritage culturel et religieux. Elle nous rappelle l’importance symbolique de cet arbre nourricier dans l’histoire de l’humanité.

Cependant, sur le plan rationnel et horticole, il n’y a bien sûr aucune malédiction à craindre. Un figuier reste un arbre, qui a parfois besoin d’être entretenu, taillé, voire abattu pour la bonne santé du jardin. Si vous devez le faire, vous ne risquez rien d’autre que de devoir vous débarrasser des branches. Mais en gardant à l’esprit son histoire et sa symbolique, peut-être le ferez-vous avec un peu plus de respect pour cet arbre légendaire.


Foire Aux Questions (FAQ)

Le bois de figuier est-il un bon bois de chauffage ?

Non, c’est un très mauvais bois de chauffage. C’est un bois très léger, tendre, qui brûle extrêmement vite (comme du papier) en dégageant peu de chaleur. Il n’est pas non plus recommandé pour les barbecues ou les fumoirs car sa fumée peut donner un goût âcre aux aliments.

Le latex du figuier est-il dangereux ?

Il est photosensibilisant et irritant. Le contact du latex avec la peau, suivi d’une exposition au soleil, peut provoquer des brûlures ou des dermatites (des réactions cutanées inflammatoires). Lorsque vous taillez un figuier, il est donc fortement recommandé de porter des gants, des manches longues et des lunettes de protection.

Quand est la meilleure période pour tailler un figuier ?

La taille principale se fait à la fin de l’hiver, généralement en février ou début mars, juste avant le redémarrage de la végétation. On supprime les branches mortes, celles qui s’entrecroisent au centre de l’arbre et on peut raccourcir les branches de l’année précédente pour favoriser la fructification.

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