Dans un monde où le plastique, le PVC et le béton ont longtemps dominé l’aménagement extérieur pour des raisons de facilité, on assiste depuis quelques années à un retour en force du « sauvage maîtrisé ». Les jardiniers, qu’ils soient adeptes de la permaculture ou simplement soucieux de l’esthétique naturelle de leur coin de verdure, cherchent désormais des alternatives durables et écologiques pour délimiter leurs espaces. Fini le grillage vert standardisé qui rouille et qui manque d’âme ; place aux matériaux nobles, bruts et vivants qui s’intègrent au paysage sans le dénaturer.
C’est dans ce contexte que la technique ancestrale du plessis (le tressage de bois vivant ou mort) refait surface dans nos jardins contemporains. Cette méthode, utilisée depuis le Moyen-Âge pour clore les pâturages ou protéger les potagers des animaux errants, séduit par son aspect rustique et son coût environnemental quasi nul. Elle permet de structurer l’espace avec élégance, en apportant une touche d’authenticité immédiate.
Pourquoi le châtaignier est-il le bois idéal ?
- 🌰 Une durabilité exceptionnelle : Le châtaignier est un bois naturellement riche en tanins (polyphénols). Ces substances agissent comme un fongicide et un répulsif naturel contre les insectes xylophages, le rendant imputrescible (classe 4) sans aucun traitement chimique.
- 💪 La résistance mécanique : Contrairement au noisetier ou au saule (osier) qui se dégradent en 2 ou 3 ans une fois coupés, une structure en châtaignier peut tenir plus de 10 ans en extérieur, même en contact direct avec la terre humide.
- 🌿 L’écologie : Utiliser ce bois, c’est valoriser le bois de taillis (les repousses). C’est une ressource locale, renouvelable et dont la récolte régulière stimule la vigueur de la forêt.
La gaulette : Le matériau brut par excellence
Pour réaliser ces ouvrages de tressage, un produit sort du lot par sa robustesse et sa simplicité : la gaulette châtaignier. Le terme peut paraître désuet, mais l’objet est d’une efficacité redoutable. Il s’agit d’une jeune perche de bois, généralement âgée de 3 à 5 ans, récoltée lors de l’entretien des taillis.
Elle se présente sous la forme d’une tige droite, d’un diamètre oscillant entre 2 et 4 cm, et surtout non écorcée. C’est cette écorce qui lui donne son aspect rugueux, brun et authentique, s’intégrant parfaitement dans un jardin paysager. Contrairement aux planches sciées en scierie, la gaulette conserve la forme naturelle de l’arbre, avec ses légères courbures et ses nœuds, ce qui rend chaque ouvrage unique.
Les usages au jardin sont multiples :
- Le Plessis (Tressage) : C’est l’usage roi. On plante des piquets verticaux tous les 40 à 50 cm, et on vient tresser les gaulettes horizontalement entre eux. Cela crée une barrière solide, occultante mais laissant passer le vent.
- Les Tuteurs en tipi : Simplement plantées en triangle, trois gaulettes liées au sommet forment le support idéal pour les haricots grimpants, les pois de senteur ou les tomates.
- Les Brise-vues : Alignées verticalement et jointives, elles forment des panneaux occultants très efficaces contre le vis-à-vis, plus esthétiques qu’une canisse en plastique.

Tutoriel : Réaliser sa propre bordure tressée
Vous souhaitez vous lancer ? Voici les étapes pour construire une retenue de terre ou un carré potager en plessis. C’est un chantier accessible à tous les bricoleurs, ne nécessitant pas d’outillage lourd.
1. La préparation de la structure
Ne tressez pas directement avec les gaulettes en terre, elles n’auraient aucune tenue. Il vous faut une ossature : les piquets. Vous pouvez utiliser des gaulettes plus grosses coupées en sections, ou acheter des piquets en châtaignier écorcés pour plus de longévité.
L’astuce de pro : Taillez l’extrémité des piquets en pointe et enfoncez-les d’au moins 30 cm dans le sol pour assurer la stabilité de l’ouvrage, surtout si celui-ci doit retenir de la terre.
2. Le tressage (le plessis)
C’est l’étape créative. Prenez votre gaulette et passez-la alternativement devant et derrière chaque piquet. À la rangée suivante, inversez le mouvement (derrière puis devant) pour croiser les fibres et verrouiller la structure. Tassez régulièrement avec un maillet ou en appuyant fort avec la main pour serrer les rangs et éviter les jours.
3. La finition
Une fois la hauteur désirée atteinte, vous pouvez fixer la dernière gaulette avec une petite pointe ou du fil de fer discret pour éviter qu’elle ne remonte avec l’élasticité du bois. Pour un carré potager, doublez l’intérieur avec un géotextile avant de mettre la terre : cela protégera le bois de l’humidité constante et limitera le lessivage du terreau à travers les interstices.
Harmoniser le naturel et le moderne
Le choix du « tout bois » apporte une cohérence visuelle indéniable au jardin. Cependant, une propriété complète nécessite souvent de marier les matériaux pour des raisons pratiques de sécurité ou d’entretien. Si le plessis est idéal pour les bordures internes, la clôture périphérique demande parfois plus de robustesse.
Il n’est pas rare de voir des propriétés allier le charme bucolique des gaulettes pour le potager avec des solutions plus modernes pour l’entrée principale. Pour sécuriser l’accès voiture par exemple, un portail solide et automatisé est souvent indispensable. Des spécialistes comme Apa74 proposent des guides et des solutions de fermeture (portails aluminium, bois ou PVC) qui peuvent s’harmoniser intelligemment avec vos aménagements naturels. L’important est de garder un fil conducteur : le contraste entre le bois brut du châtaignier et l’aluminium thermolaqué d’un portail moderne peut apporter une touche très contemporaine et design à l’ensemble.
Le conseil du paysagiste
« Le châtaignier va griser avec le temps, c’est inévitable et c’est ce qui fait son charme. Ne cherchez pas à le vernir ou à le peindre, cela s’écaillerait rapidement et rendrait le tressage impossible. Laissez-le vivre ! Sa patine argentée se fondra encore mieux dans la végétation au fil des saisons. »
Foire Aux Questions (FAQ)
🌧️ Faut-il traiter les gaulettes avant usage ?
Non, surtout pas ! L’intérêt majeur du châtaignier est d’être naturellement imputrescible grâce à sa forte teneur en tanins. Traiter le bois avec des lasures ou des produits chimiques serait une dépense inutile et polluerait votre sol, ce qui est contre-productif si vous l’utilisez pour un potager comestible.
🍂 Le plessis peut-il retenir la terre d’un talus ?
Oui, c’est ce qu’on appelle une « fascine ». C’est une technique de génie végétal très efficace pour lutter contre l’érosion des pentes. Dans ce cas précis, il faut utiliser des piquets plus gros (diamètre 6 à 8 cm) et les enfoncer très profondément (50 cm minimum) pour résister à la poussée mécanique de la terre lors des fortes pluies.
📏 Quelle longueur de gaulette choisir ?
Elles sont souvent vendues en 2m ou 3m. Pour un tressage facile, plus elles sont longues, moins vous aurez de raccords à faire, ce qui solidifie l’ouvrage. Cependant, le 2m est souvent le bon compromis pour un jardinier amateur car elles restent maniables sans risquer de fouetter le visage de votre voisin à chaque manipulation !







